Littérature? Jazz? Ne m’en dites pas plus, j’y suis.
29 septembre 2016. À voix basse. Festival Québec en Toutes Lettres. Stanley Péan et Gilles Archambault. Musiciens jazz. Un spectacle d’alternance entre la conversation, la performance de jazz et la lecture d’extraits. Ça ne peut pas être plus clair!
Revêtant mon uniforme de blogueur (une cocarde en carton sur ficelle, rien de moins), je me suis assis au fond de la chapelle, fébrile d’anticipation. Je dois le dire d’emblée, je ne suis qu’un amateur débutant de littérature noire et de jazz. Ces deux formes — interreliées dans mon imaginaire culturel — existent dans une multitude de genre si variée qu’il n’est pas impossible d’y passer sa vie. Gilles Archambault et Stanley Péan en sont la preuve. Me prenant au sérieux avec mon eau minérale et mon carnet de cuir brun, je me suis prêté au jeu sans retenue. Se mettre en scène en tant que spectateur demande toujours une pincée de ridicule. Première impression: l’autel bleu sur fond de lumière orange, ça donne le tournis.
Ils ont discuté de jazz, de leur parcours de vie, de littérature. J’ai trippé. Fin. Je suis rentré chez moi. J’ai vu deux ratons laveurs qui fouillaient les vidanges en basse-ville. C’était charmant.
Vous voulez vraiment des détails? Bon.
J’ai retenu quelques points majeurs. La transparence de Gilles Archambault était légendaire. J’imagine que lorsqu’on a 83 ans on n’a plus grand chose à cacher. Stanley Péan le supportait dans la conversation à la manière d’un enfant timide. De toute beauté. On a eu droit à des moments touchants et vrais. Des réflexions sur le deuil et la nostalgie surtout. Il planait des récurrences, comme l’impossibilité de comprendre la femme, la musique et l’amour, puis l’impossibilité de se comprendre soi. J’ai ressenti des liens entre l’acte de se mettre au monde dans la musique et celui de se réaliser dans l’amour. Tout revenait à l’absence ou à l’inachèvement. On ne termine jamais ces tâches, elles gardent ainsi leur intérêt.
Mon avis non-sollicité? J’ai adoré. L’érotisme, la musique, les histoires d’antan, les fictions, les confessions. Les deux interlocuteurs mobilisaient par strates tout l’imaginaire contenu entre la littérature noire et le jazz. Ils présentaient des réflexions, des textes; moi je voyais un film. J’ai plané jusqu’à l’aboutissement. Donnez-moi un verre de whiskey et je suis prêt à revivre cela n’importe quand.
Le texte ajoutait ses couches de sens à la musique et j’entrais dans une humeur à la fois mélancolique-sombre, joviale-contemplative et faussement nostalgique. Je me souvenais d’une époque que je n’ai jamais vécue dans un milieu que je n’ai jamais fréquenté. Je devenais un personnage figurant dans le tissu de fiction créé entre Péan et Archambault.
On pourrait reprocher à l’événement d’avoir manqué de dynamisme, mais là n’était la visée du spectacle. On aura d’autres occasions de s’énerver durant le festival Québec en Toutes Lettres. J’ai apprécié la formule. Ça donne un bon avant-goût pour ce qui suit. Restez à l’affut!
– Anaël Turcotte
Au compte du Collectif RAMEN, Anaël Turcotte est blogueur pour la 7e édition du festival Québec en Toutes Lettres, du 29 septembre au 9 octobre 2016.